Isa : Nous nous sommes rencontrées le 26 juin 2009, la veille de la gay pride parisienne chez une amie en commun (qu’on remercie au passage ;-)). Nous nous sommes cherchées tout le long du weekend et nous nous sommes finalement trouvées à la fin de celui-ci pour ne plus se quitter.
Hélène : Nous sommes ensemble depuis un an et demi et je peux dire que j’ai eu le coup de foudre pour Isabelle dès le premier jour que je l’ai vu. Et n’ait donc pas hésité à me « lancer » dans l’aventure pour au fil des jours enrichir notre amour.
Gaynormandie: Il y a une petite fille dans votre couple. De qui est-elle ? A quelle occasion ?
Hélène : J’ai eu ma fille [Océane] suite à une précédente relation hétérosexuelle.
Gaynormandie: Comment s’est passée l’acceptation de l’enfant dans le couple, mais aussi pour la petite fille ?
Isa : J’étais extrêmement nerveuse à l’idée de rencontrer Océane, âgée à l’époque de 3 ans et demi, bien plus qu’elle, ce qui est assez ironique quand on y pense. Je me suis posée des tonnes de questions et en faite notre relation s’est créée tout simplement au fur et à mesure des jours. Je l’ai accepté aussitôt (même si je ne voulais pas d’enfant avant, comme quoi on change !) et je la vois comme ma propre fille aujourd’hui.
Hélène : Pour Océane, cela s’est fait tout naturellement aussi car je ne lui ai jamais rien caché quand à ma sexualité et lui ai présenté mon amie en tant que compagne et non en tant que simple copine. J’ai fait en sorte qu’elle trouve sa place dans notre couple, dans le sens de lui faire prendre conscience que c’était sa famille, comme avant avec son papa, en lui expliquant bien que les sentiments sont les mêmes que ce soit un homme ou une femme.
Gaynormandie: Cela n’est pas difficile qu’il n’y ait qu’un enfant d’une seule d’entre vous, pensez-vous en avoir d’autre un jour ?
Isa : Cela n’est pas difficile, car je l’ai vraiment accepté au plus profond de moi… elle est comme la mienne, je ne fais pas de différence. Même si j’ai conscience que je ne suis que la mère sociale et ne dispose pas de droit légal vis-à-vis d’elle, je ferais tout pour elle. Oui, j’espère avoir un enfant un jour, que ce soit Hélène qui le porte ou moi-même.
Isa et Hélène : Ce sera un bébé de notre couple et le fruit de notre amour et qui sera tout naturellement le petit frère ou sœur d’Océane.
Gaynormandie: Comment comptez-vous y parvenir ?
Isa et Hélène : Ne souhaitant pas passer par la Belgique ou l’Espagne… à cause de toutes les formalités auxquelles nous ne devrions pas être contrainte, nous avons opté pour l’insémination artisanale grâce à un donneur inconnu.
Gaynormandie: Comment considérez-vous la vie des lesbiennes en Normandie ? Où les filles sortent-elles ou se rencontrent ?
Isa : Je ne connais pas la vie des lesbiennes en Normandie, pour la simple et bonne raison qu’Hélène est ma première femme. Je savais que j’étais homosexuelle mais ne m’affirmait pas. Je n’ai donc pas exploré les lieux gay ou gay friendly. J’ai par contre recherché sur le net avant de la rencontrer, mais n’est rien trouvé d'intéressant sur ma région.
Hélène : Je considère la vie des lesbiennes en Normandie comme peut existante dans le sens ou il n’y a pas vraiment de lieu où se retrouver entre amies ou faire des rencontres. Je suis sortie dans des lieux considérés comme homosexuels (XXL à Rouen) mais qui s’avéraient être majoritairement gay, et j’ai pu remarquer ainsi que les lesbiennes s’affichent beaucoup moins.
Gaynormandie: Au sens plus large - LGBT - trouvez-vous qu’il est facile de vivre sa vie d’homosexuelle / homosexuel en Normandie ?
Isa : Je ne me cache pas, que se soit dans la rue, à ma famille, mes amis et même à mon taf ! Je ne sais pas si je serais objective à ce sujet, mais pour ma part oui je considère que c’est assez facile à vivre. Ensuite, des sujets délicats me froissent quand je lis les news mais cela ne m’empêchera jamais de vivre comme je l’ai décidé. Car c’est avant tout cela le plus important, peu importe le regard des autres si au fond de vous-même vous savez qui vous êtes.
Hélène : Je ne me suis jamais cachée non plus, dès lors que je me suis acceptée je l’ai annoncé à mes proches comme les plus éloignés dans le sens que dans la rue, je ne me suis jamais gênée de tenir la main de ma femme. Donc non je ne trouve pas la vie difficile en Normandie en tant qu’homosexuelle à condition de ne pas s’arrêter aux provocations des gens et vivre sa vie.
Gaynormandie: Il m’arrive d’entendre que les gays et les lesbiennes ne s’entendent pas, qu’en pensez-vous ?
Hélène : Je n’ai pas assez de connaissance gay pour répondre à cela, mais j’ai pour ma part un cousin homosexuel avec qui je m’entends très bien.
Isa : Je n’ai pas de relation non plus, mais je n’y vois aucun problème à une amitié entre lesbiennes et gay. La rumeur d’une incompatibilité est infondée pour moi, cela n’est pas une question de sexualité mais de personnalité. Tout comme dans le monde hétéro.
Gaynormandie: Comment voyez-vous votre avenir à toutes les deux ?
Isa : Ensemble avant tout avec une famille agrandie.
Hélène : Ensemble évidemment, et pour être réaliste, pacsées avec une famille soudée et des enfants en commun. Et pour être moins réaliste mais suivre mes désirs, je dirais mariées toujours avec cette famille soudée et tous les enfants portant le même nom de famille (même droit que les hétérosexuels)
Gaynormandie: Un dernier mot ?
Isa : Merci de m’avoir donné la chance de m’exprimer sur une relation à laquelle je tiens par-dessus tout. Le fait d’être lesbienne n’est pas facile tous les jours mais le regard de ma femme m’inspire à une vie meilleure tous les matins.
Hélène : Merci de me permettre de montrer aux gens qu’être lesbienne ne rime pas avec vie instable mais que nous sommes comme tout le monde et aspirons, pour ma part, à la stabilité avec une famille épanouie.
Source Gaynormandie.com
@ Isa : De rien ma princesse ! Comme tu dis, on opte finalement pour la Belgique, malgré les contraintes imposées que j'ai du mal à accepter, car le désir d'enfants est plus fort que tout !!!!! Et 2ème changement par rapport à la date de l'interview... nous sommes à e jour Pacsées !!! ;-)
Ça fait plaisir de relire çà !!! Merci mon bébé de l'avoir remis en ligne et merci à Gay-Normandie une nouvelle fois pour son interview. Juste une précision pour les lecteurs... au jour d'aujourd'hui, nous optons plus pour la solution de la Belgique pour pouvoir donner un petit frère ou une petite sœur à Océane. L'avenir nous dira si nous avons fait le bon choix :-)