Le tribunal examinait la demande de cette femme trans âgée de 41 ans, qui a épousé Marie il y a 14 ans. «Marie a toujours été homosexuelle. Mais il se trouve qu'elle est tombée amoureuse d'un garçon raffiné et effeminé... Et ce garçon, c'était moi », explique-t-elle au Parisien. Si Chloé a voulu changer d’état civil, c’est surtout pour améliorer son quotidien. «On refuse parfois ma carte d’identité quand je fais un chèque ou on me demande d’aller chercher la procuration de mon mari pour récupérer un recommandé… C’est gênant, surtout devant les enfants», explique Chloé, mais elle ne cache pas pour autant une motivation militante, espérant que cette décision «donnera du crédit au mariage homosexuel».Désormais elle souhaite que son état civil soit mis en conformité et passe de Wilfrid Avrillon à Chloé Avrillon. Son acte de naissance doit être modifié comme la justice le permet, mais cette fois, le tribunal n'a pas exigé le divorce pour accéder à cette demande. «Il n'y a pas d'opposition. Le procureur est d'accord, tout le monde est d'accord et nous aurons très certainement un jugement le 15 décembre prochain qui va ordonner la rectification de l'état civil», a indiqué l'avocat.
«Tout n'est pas terminé»
De son côté, Chloé s'est réjoui: «La justice a vraiment été juste», a-t-elle déclaré à l'issue de l'audience, visiblement très émue. «J'ai eu des larmes de joie. C'est un cadeau formidable. C'est une véritable avancée de la société, des moeurs, de la tolérance et du droit humain», a-t-elle affirmé. «Tout n'est pas terminé. On ne sait pas qui peut faire appel. Mais le procureur ne s'oppose pas à la requête. Ça a été un grand moment d'émotion», a encore déclaré cette ingénieure informaticienne.
«Une brèche vient de s'ouvrir. Nous avons pour la première fois en France deux personnes du même sexe mariées qui ont des enfants, des enfants légitimes», a renchérit Me Ludot. Mais l'avocat rappelle aussi que le procureur pourrait estimer qu'il s'agit d'un couple marié du même sexe, contraire à la loi française et s'opposer au mariage ultérieurement. «Seulement, lorsque M. et Mme Avrillon se sont mariés, ils étaient bien un homme et une femme. Il n'y a pas eu fraude, on ne peut pas annuler le mariage et on ne peut pas exiger qu'ils divorcent. Ils s'aiment, pourquoi divorceraient-ils?» Selon l'avocat, l'Etat français est au pied du mur. «Il n'y a plus de reculade possible. Le mariage homosexuel est maintenant sur les rails», a-t-il ajouté.